Des fleurs au potager !
- Pierre-Alexandre
- 9 mars 2018
- 4 min de lecture
Selon les principes de la permaculture, mieux vaut imiter la nature pour retrouver un écosystème équilibré. Mettre des fleurs c’est ajouter de la biodiversité à son potager.

Avoir des fleurs c’est fournir à manger et parfois même un abri pour les précieux pollinisateurs ! Si vous voulez qu’ils viennent visiter vos cultures, il vaut mieux leur donner à butiner toute l’année. C’est aussi un moyen de participer à la sauvegarde des espèces de pollinisateurs sauvages qui sont aussi indispensables.
Privilégiez des fleurs simples et peu profondes afin qu’elles soient accessibles facilement au plus grand nombre. Par exemple, pour l’hiver installez des hellébores, les roses de Noël ou des chèvrefeuilles. Laissez également des bandes enherbées, avec des espèces comme le pissenlit, la primevère, le lamier pourpre…
Une fois le printemps arrivé et jusqu’à la fin de l’automne vous avez l’embarras du choix.
Les oiseaux aussi ont besoin de se nourrir toute l’année. Laisser en place le lierre grimpant, c’est offrir aux oiseaux des baies en hiver, au moment où ils ont le moins à manger ! Et contrairement à ce que l’on peut croire ou entendre, il n’étouffe pas les arbres : au contraire, il fournit une couche protectrice et limite l’évapotranspiration.
Installer des fleurs, c’est attirer les auxiliaires en leur offrant le gîte et le couvert.
Si vous voulez qu’ils viennent chez vous, il faut leur fournir de la nourriture. Par exemple, sans pucerons, vous avez peu de chance d’avoir des coccinelles. Si vous avez les « nuisibles » et les auxiliaires vous pourrez avoir un certain équilibre, car ils se nourriront au fur et à mesure. Il vaut mieux avoir les 2 pour la biodiversité et le bien être de votre potager.
Les plantes de la famille des ombellifères permettent d’accueillir le syrphe qui est un précieux auxiliaire pour réguler la présence des pucerons. Ils sont aussi attirés par les fleurs de soucis.
Les capucines attirent les pucerons noirs de la fève et du haricot, les altises et les piérides du chou. C’est une plante qui va fournir l’alimentation recherchée par les auxiliaires et donc les attirer chez vous. Et en bonus, vous pourrez savourer les fleurs et les feuilles ! Pour éviter d'être envahi, semez une variété naine non rampante, avec un développement modéré.
La phacélie fait venir un grand nombre d’auxiliaires dont les syrphes, les carabes et les parasitaires de la cochenille de San José
Le sarrasin, en plus d’être un engrais vert, attire lui aussi les syrphes et des insectes bénéfiques de 21 familles différentes. De quoi avoir de la biodiversité !
L’ortie piquante est utile de nombreuses façons. Elle fournit de la nourriture aux auxiliaires, elle est une bonne compagne pour les arbres fruitiers charnus et les plantes médicinales.

Certaines fleurs peuvent au contraire faire fuir les indésirables.
Les racines de l’œillet d’Inde et du souci produisent une substance nématicide et insecticide. L’odeur des feuilles chasse les aleurodes, les altises et les pucerons.
Le basilic a également la réputation de repousser les nématodes des tomates.
La rue fera fuir un grand nombre d’insectes parasites grâce à son odeur âcre et amère. Quelques unes de ses feuilles sur un nid de pucerons suffiront pour le faire disparaitre. Sous forme de poudre elle pourra aussi protéger vos graines ou vos jeunes cultures. A noter, c’est une bonne compagne pour le framboisier.
Les fleurs sont également utiles pour préparer vos potions ! Que ce soit pour le jardin (macération d’ortie, décoction de prêle, purin de bardane ou de rumex…), ou pour vos remèdes médicinaux, vos cosmétiques ou votre cuisine.
Elles participent aussi à l’évolution du sol. Les fabacées (pois, fève et trèfle) participent à la fixation de l’azote dans le sol. Pourquoi ne pas installer du trèfle à un endroit que vous ne souhaitez pas cultiver cette année ou cultiver des fèves/pois sur une parcelle pauvre en azote ?
Accordez également de l'attention aux associations entre légumes, elles peuvent être favorables comme défavorables.
Par exemple :
le cosmos protège le chou de la piéride
le céleri et la tomate protègent le chou de la piéride
et le chou protège le céleri de la rouille
l’oignon, l’échalote, l’ail et le poireau repoussent la mouche de la carotte
et inversement, la carotte repousse la mouche de l’oignon, de l’échalote, de l’ail et du poireau
la laitue protège les radis, navets et choux-raves des altises
le cerfeuil repousse les limaces ce qui est intéressant pour les salades
les haricots sont protégés des pucerons par la sarriette
On évite d’associer :
les Fabacées et les Alliacées
les tomates et les courgettes avec les concombres
les épinards avec les betteraves et les bettes
les salades avec le persil ou le céleri
La carotte et l’aneth
Vous pouvez aussi miser sur les plantes aromatiques : elles ont toutes le pouvoir de repousser les nuisibles ! Certaines diffusent des substances via leurs racines qui font fuir les nématodes.
Le thym a la particularité de faire fuir les limaces.
La lavande est anti-mite et fait fuir d’autres insectes.
La menthe est assez efficace contre de nombreux insectes dont les altises, les fourmis et les pucerons noirs. A noter, la menthe Pouliot (mentha pulegium) aussi connue sous le nom de "herbe aux puces", repousse à l’aide de son odeur les moustiques, les mouches et les puces des chiens et des chats
L’origan est un répulsif contre les parasites de la vigne.
De manière générale, en installant des aromatiques un peu partout dans votre potager, à l’aide de leur odeur, vous allez créer des confusions olfactives et perturber les ravageurs.
A vous de jouer maintenant et de faire les bonnes associations pour votre jardin ! Mais n’oubliez qu’il faut être patient avec la nature et que les associations et les plantes seront de plus en plus efficaces avec le temps.
Sources :
La permaculture en ville, c'est possible ! Davy Cosson
Le potager bio, cultiver, soigner, conserver, le guide terre vivante, Jean-Paul Thorez et Christian Boué
Kaïzen, comment devenir autonome, Hors Série N°3, p103
Magazines les 4 saisons du jardinier bio, n°218, édition Terre Vivante
http://www.gerbeaud.com/jardin/jardinage_naturel/plantes-compagnes.php
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