Des fleurs pour mon potager!
Travail de recherche effectué par Adélaïde Berthier le 30/04/2017
Un jardin sans fleur on n’y pense même pas ! Et dans un potager alors ? Sans parler du plaisir des yeux et du parfum qu’elles dégagent, elles ont un rôle important à y jouer. Voici plusieurs bonnes raisons d’en adopter et quelques indices pour vous aider à choisir les variétés.
Selon le principe de la permaculture, il faut imiter la nature et retrouver un écosystème équilibré. Mettre des fleurs c’est ajouter de la biodiversité à son potager.
Avoir des fleurs c’est fournir à manger et parfois même un abri pour les précieux pollinisateurs. Si vous voulez qu’ils viennent visiter vos cultures, il vaut mieux leur donner à butiner toute l’année. C’est aussi un moyen de participer à la sauvegarde des espèces de pollinisateurs sauvages qui sont aussi indispensables. Privilégiez des fleurs simples et peu profondes afin qu’elles soient accessibles facilement au plus grand nombre. Par exemple, pour l’hiver installez des hellébores, les roses de Noël ou des chèvrefeuilles. Laissez également des bandes enherbées, avec des espèces comme le pissenlit, la primevère, le lamier pourpre… Une fois le printemps arrivée et jusqu’à la fin de l’automne vous avez l’embarras du choix.
Les oiseaux aussi ont besoin de se nourrir toute l’année. Laissez en place le lierre grimpant, c’est offrir aux oiseaux des baies en hiver, au moment où ils ont le moins à manger. Et contrairement à ce que l’on peut croire ou entendre, il n’étouffe pas les arbres, au contraire, il fournit une couche protectrice et limite l’évapotranspiration.




Installer des fleurs, c’est attirer les auxiliaires en leur offrant le gîte et le couvert. Si vous voulez qu’ils viennent chez vous, il faut leur fournir de la nourriture. Par exemple, sans pucerons, vous avez peu de chance d’avoir des coccinelles. Si vous avez les « nuisibles » et les auxiliaires vous pourrez avoir un certain équilibre, car ils se nourriront au fur et à mesure. Il vaut mieux avoir les deux pour la biodiversité et le bien être de votre potager.
Les plantes de la famille des ombellifères permettent d’accueillir le syrphe qui est un précieux auxiliaire pour réguler la présence des pucerons. Ils sont aussi attirés par les fleurs de soucis.
Les capucines attirent les pucerons noirs de la fève et du haricot, les altises et les piérides du chou. C’est une plante qui indirectement va fournir l’alimentation aux auxiliaires et donc les attirer chez vous. Et en bonus, vous pourrez savourer les fleurs et les feuilles. Si vous ne voulez pas être envahie, semez une variété naine non rampante, avec un développement modéré.
La phacélie fait venir un grand nombre d’auxiliaires dont les syrphes, les carabes et les parasitaires de la cochenille de San José
Le sarrasin, en plus d’être un engrais vert, il attire lui aussi les syrphes et des insectes bénéfiques de 21 familles différentes. De quoi avoir de la biodiversité !
L’ortie piquante qui est utile de nombreuses façons. Elle fournit de la nourriture aux auxiliaires, elle est une bonne compagne pour les arbres fruitiers charnus et les plantes médicinales.
Certaines peuvent au contraire faire fuir les indésirables. Les racines de l’œillet d’Inde et du souci produisent une substance nématicide et insecticide. L’odeur des feuilles de l’œillet d’Inde chasse les aleurodes, les altises et les pucerons. Le basilic a également la réputation de repousser les nématodes des tomates. La rue fera fuir un grand nombre d’insectes parasites grâce à son odeur âcre et amère. Quelques unes de ses feuilles sur un nid de pucerons suffiront pour le faire disparaitre. Sous forme de poudre elle pourra aussi protéger vos graines ou vos jeunes cultures. A noter, c’est une bonne compagne pour le framboisier.
Les fleurs sont également utiles pour préparer vos potions ! Que ce soit pour le jardin (macération d’ortie, décoction de prêle, purin de bardane ou de rumex…), ou pour vos remèdes médicinaux, vos cosmétiques ou votre cuisine.
Elles participent aussi à l’évolution du sol. Les fabacées (pois, fève et trèfle) participent à la fixation de l’azote dans le sol. Donc pourquoi ne pas installer du trèfle à un endroit que vous ne souhaitez pas cultiver cette année ou cultiver des fèves/pois sur une parcelle pauvre en azote ?





Pensez également à faire attention aux associations entre vos légumes, elles peuvent être favorables comme défavorables.
Par exemple :
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le cosmos protège le chou de la piéride ;
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le céleri et la tomate protègent le chou de la piéride ;
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et le chou protège le céleri de la rouille ;
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l’oignon, l’échalote, l’ail et le poireau repoussent la mouche de la carotte ;
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et inversement, la carotte repousse la mouche de l’oignon, de l’échalote, de l’ail et du poireau ;
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la laitue protège les radis, navets et choux-raves des altises ;
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le cerfeuil repousse les limaces ce qui est intéressant pour les salades
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les haricots sont protégés des pucerons par la sarriette ;
Évitez d’associer
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les Fabacées et les Alliacées
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les tomates et les courgettes avec les concombres ;
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les épinards avec les betteraves et les bettes ;
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les salades avec le persil ou le céleri.
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La carotte et l’aneth. Les carottes ne pousseront pas ou très mal sur un sol ou il y avait de l’aneth.
Vous pouvez installer des plantes aromatiques, elles ont toutes le pouvoir de repousser les nuisibles. Certaines diffusent des substances via leurs racines qui font fuir les nématodes.
Le thym a la particularité de faire fuir les limaces.
La lavande est antimite et fait fuir d’autres insectes.
La menthe est assez efficace contre de nombreux insectes dont les altises les fourmis et les pucerons noirs. A noter, la menthe Pouliot (mentha pulegium) aussi connue sous le nom de "herbe aux puces", repousse à l’aide de son odeur les moustiques, les mouches et les puces des chiens et des chats
L’origan est un répulsif contre les parasites de la vigne.
De manière générale, en installant des aromatiques un peu partout dans votre potager, à l’aide de leur odeur, vous allez créer des confusions olfactives et perturber les ravageurs.
A vous de jouer maintenant et de faire les bonnes associations pour votre jardin. Mais n’oubliez qu’il faut être patient avec la nature et que les associations et les plantes seront de plus en plus efficaces avec le temps.
Sources :
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La permaculture en ville, c'est possible ! Davy Cosson
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Le potager bio, cultiver, soigner, conserver, le guide terre vivante, Jean-Paul Thorez et Christian Boué
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Kaïzen, comment devenir autonome, Hors Série N°3, p103
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Magazines les 4 saisons du jardinier bio, n°218, édition Terre Vivante