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La Berce, plante aphrodisiaque de la rue

Travail de recherche effectué par Davy Cosson et Elsa Defrenet

Article rédigé par Adélaïde Berthier le 23/01/2017

 

L’origine de son nom

L’origine du nom de la berce est controversé.

D’un côté, le nom latin de la berce (Heracleum sphondylium) serait en lien avec le demi-dieu Héraclès (Hercule pour les Romains), en raison de sa très grande taille et de l’impression de force qu’elle dégage. 

Heracleum pourrait également provenir d’Héraclée, une ancienne ville dont la plante serait originaire.

Seulement, dans l’Antiquité, il y aurait eut plusieurs villes de ce nom, en Grèce, en Italie ou au Moyen Orient. Nous pouvons malgré tout supposer que ce nom fait référence à Héraclès, qui est l’un des plus grand héros de la mythologie de cette époque.

D’un autre côté, le mot « Berce », serait d’origine germanique, plus exactement du mot « Bartsch » qui désigne la plante, ou du mot « Bartszez » qui désigne une boisson aigre, mi bière, mi-potage, qui était fabriquée en Europe de l’est.

Troisième hypothèse, le mot « Berce » viendrait du mot « Bär », qui signifie ours en latin.

Nous pouvons penser que c’est dû à son apparence hirsute.

 

Le nom latin de l’espèce « sphondyllium » vient du grec « sphondylis ou sphondylion ». Ce terme était utilisé pour nommer une grande ombellifère ou désigner une vertèbre. La tige de la plante est robuste et elle peut effectivement faire songer à une colonne vertébrale.

La berce et les Amérindiens

En Amérique, nous retrouvons la berce laineuse.

Elle était appelée « la patronne de tous les légumes verts ».

Nous supposons que c’est la plante printanière la plus consommée par les Amérindiens du Canada et certainement des Etats Unis.

C’est une plante ubiquiste (qui pousse dans des milieux écologiques variés), car nous la retrouvons en Alaska, à Terre-Neuve et au sud, en Californie, Arizona et Géorgie. Ils mangeaient, d’avril à juin, les jeunes feuilles, leurs pétioles et les jeunes tiges, avant que la plante ne fleurisse.

Elle ne peut pas se manger à un stade avancé, car les feuilles, les pelures des tiges et les pétioles « matures » contiennent des furanocoumarines.

Ces derniers sont photo sensibilisants et irritants. Les Amérindiens avaient bien compris cela, sans en connaitre l’explication scientifique moderne, et pouvaient donc manger cette berce sans effet secondaire.

En plus de manger uniquement les jeunes pousses, ils pelaient les tiges et les pétioles. Soit ils les mangeaient crus, sur place, sinon ils les mélangeaient à de l’huile ou de la graisse animale.

Ensuite, ils les ont consommés en les plongeant dans un bol de sucre, comme pour la rhubarbe, d’où le nom donné sur place de « rhubarbe des Indiens ».

Ils utilisaient également les cendres des feuilles pour remplacer le sel. Ces cendres étaient plus riches en potassium qu’en sodium, ce qui est préférable pour les personnes souffrant d’hypertension.

Dans d’autres régions, elles étaient rôties puis pelées et mangées ou bouillies avec de la viande ou du poisson, dans des soupes, ragoûts… 

Pour conserver les pétioles, ils étaient fendus en deux et séchés ou bien coupés en petits morceau et trempés dans du sang.

La berce commune possède un grand nombre de surnoms. Elle est parfois appelée la patte d’ours, l’herbe du diable, l’angélique sauvage, la fausse acanthe ou la corne de chèvre.

 

Le genre Heracleum répertorie plus de 70 espèces dans le monde. Nous le retrouvons un peu partout, en lisière de forêt, dans les clairières, les sols frais et riches en éléments nutritifs, les prairies agricoles en excès de fumure, les haies de bocage, les bords de route et en plante ornementale dans les jardins.

Comment la reconnaitre ?

D’un point de vue botanique, la berce commune est une cousine de la carotte. C’est une grande vivace herbacée, qui peut atteindre 1m50 de haut. Sa tige est creuse et poilues.

Elle porte de larges feuilles pennées avec des folioles dentées et échancrées.

Autour des boutons floraux, nous pouvons observer une gaine renflée.

Les fleurs blanches, vertes ou roses sont regroupées en ombelles de 20 à 30 centimètre de diamètre.

 

Attention à ne pas la confondre avec la Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum).

C’est une espèce voisine bisannuelle, originaire d’Asie, qui peut atteindre entre 2 et 5 m de hauteur. Cette dernière contient une sève avec des toxines photo sensibilisantes qui peuvent provoquer des dermatites. Ces lésions semblables à des brûlures sont douloureuses et parfois très graves.

La Berce du Caucase se rencontre un peu partout, dans les prés, les terrains vagues, sur les talus des routes et le long des ruisseaux.

Elle se différencie de la berce commune, par la présence de 50 à 120 rayons de 8 à 30 cm (contre 8 à 30 rayons de 8 à 13 cm) et ses fruits aplatis sont plus longs (9 à 14 mm contre 6 à 8 mm). Ses feuilles sont plus imposantes et découpées, elles n’ont pas ou peu de poils rudes. Sa tige a des tâches rouges ou violettes biens définies (sur la Berce Laineuse elles sont plus diffuses).

Ses vertus et son utilisation

La berce commune est hypotensive, diurétique, tonique, digestive. Elle est également réputée comme aphrodisiaque. 

Elle est riche en octanol. C’est un principe aromatique qui est réputé pour avoir les caractéristiques précédemment citées, mais également pour être résolutif, détersif et vermifuge. Elle a été employée en Europe pour traiter tous ces maux.

 

Avec son odeur similaire à Echinacea Augustifolia, une plante à pouvoir aphrodisiaque, H Leclerc a voulu vérifier si la berce commune avait également cet effet et il a mis en évidence ses propriétés de stimulant sexuel.

 

Attention, la berce commune contient des furanocoumarines photodynamisantes. En conséquence, la sève peut être légèrement allergène et entrainer des inflammations de la peau chez les personnes sensibles.

La berce est photosensibilisante, comme le céleri qui appartient à la même famille. Il ne faut donc pas en consommer de grosses quantités, au risque de manifester des réactions allergiques en s’exposant au soleil après en avoir mangé. En principe, il faut en avoir pris beaucoup pour courir un tel risque.

A noter, certaines personnes pourront détecter sur leur peau une irritation passagère, après avoir consommé des feuilles mature.

Les racines se récolent en fin d’automne, début d’hiver et se consomment cuites. Elles ont un arôme puissant, plutôt piquant. Elles sont utilisées, le plus souvent, comme condiment.

Elles sont tonifiantes et employées, parfois, comme vermifuges.

 

Les feuilles se mangent cuites ou crus, dans des gratins, salades… A vous de choisir ! Mais privilégiez de jeunes feuilles fraiches.

 

Les racines et les feuilles fraiches, broyées sont résolutives et efficaces pour soigner les abcès froids, les engorgements lymphatiques, les furoncles, les ulcères et les piqures d'insectes.

 

Les tiges pelées et les pétioles sont meilleurs crus. La cuisson leur fait perdre leurs principes aromatiques. Elles peuvent aussi être confites ou transformées en alcool.

Les jeunes tiges crues et pelées rappellent l’odeur de la mandarine ou de la noix de coco.

 

Les fleurs se dégustent au stade de bouton, crues ou cuites à la vapeur. Elles offrent un arôme très fort. Une fois épanouie, elles sentent le miel et l’urine, pas très appétissant !

 

Les fruits, également appelés graines, se cuisinent, frais ou séchés, en assaisonnement de salade, soupe, gâteau, vins... Avec leur saveur d’orange, c’est un aromate adapté pour la réalisation de sorbet ou glace. Il faut bien doser car son goût est très puissant.

Quelques recettes

La Bière de Berce : faire fermenter des graines écrasées, des feuilles et des tiges tronçonnées, dans de l'eau tiède, pendant un mois. Filtrer et sucrer légèrement avant de mettre en bouteille. Bien boucher et conserver au frais cette bière à la saveur acre qui faisait le bonheur des cosaques.

 

En Europe occidentale, les feuilles et les jeunes tiges étaient placées dans l'eau et laissées à fermenter plusieurs semaines. Le résultat était consommé en soupe sous le nom de "Bortsch". L'acide lactique ainsi formé assurait la conservation du produit. Mais le Bortsch actuel, des restaurants russes, ne vaut pas cette ancienne version. 

Sources :

  • Le livre des bonnes herbes, Pierre Lieuthagi, édition marabout, tome 1, p 96 - 97 

  • Mon herbier de santé, Maurice Mességué, édition laffont tchou, p 61 - 63 

  • Dans le secret des plantes, Maurice Mességué, éditions startrade, p 26,27

  • Plantes et réactions cutanées, Yves Sell, Claude Bénezra, Bernard Guérin, édition john libbey, p 34

  • Le régal végétal, François Couplan, édition Sang de la Terre

  • Elixirs et boissons retrouvés, Gilbert Fabiani, édition Equinoxe

 

  • Phytochemistry : Chemical diversity of the contents from the secretory structures of Heracleum sphondylium subsp. Sphondylium, C Bicchi, A D'Amato, C Frattini, EM Cappelletti…, édition Elsevier, Volume 29, Issue 6, 1990

  • The Bioactive Essential Oil of Heracleum sphondylium L. subsp. ternatum (Velen.) Brummitt # Gökalp Iscan, Fatih Demirci, Mine Kürkçüoglu, Merih Kıvanç, and K. Hüsnü Can Baser

 

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